Chez Roger, auberge du bout du monde
À la base sud-est du Cotentin, à trois heures de Paris et dix kilomètres d’Utah Beach, une petite maison face à la baie des Veys, un refuge pour initiés.
On y entre comme dans la maison d’un vieil ami ou d’un fantôme bienveillant, un certain Roger, bon vivant des années folles, un peu excessif, toujours prêt à rallumer la chandelle.
Ici, on festoie sans retenue.
De grandes tablées, des verres qui s’entrechoquent, des soirées qui s’ouvrent derrière un rideau rouge et se prolongent à la lueur des chandelles.
On mange bien, on boit mieux, et si l’on rit trop fort… tant mieux.
La cuisine suit la marée et le marché, sérieuse dans le geste, libre dans l’esprit.
Rien de fixe, aucune règle : le menu change au gré des humeurs du chef et de ce qu’Adel, Inès ou Stéphane cueillent dans leurs jardins, de ce que Junghyun et Jean-Louis élèvent à la ferme de Franqueville, de ce que Jeoffrey rapporte du port. Les bretonnes pie noir de Jacques, les blés anciens d’Arnaud, les fromages de Nathalie — tout vient d’ici, du bon sens et du vent salé.
Le soir venu, la cheminée s’allume, le homard flambe, le vin coule.
La cave, elle, est vivante : les vignerons nature y côtoient les grandes appellations, choisis non pour plaire mais pour donner envie de trinquer.
Chez Roger, on vient pour manger, oui, mais surtout pour partager.